Projet Climat Vincendo

Les microclimats à La Réunion

Les microclimats à La Réunion


Introduction

La Réunion est connue pour posséder sur une très petite superficie de nombreux climats, à l’échelle même de certaines villes. Cette diversité peut provoquer des changements brutaux de temps etc. Cette diversité rend l’île très particulière et assez unique en son genre. Qu’est-ce qui provoque cette grande diversité si unique ?

La classification de Köppen

La classification des climats selon ces deux auteurs est fondée d’une part sur la température et d’autre part sur l’importance des précipitations.

Elle a été mise au point en combinant des données botaniques et les 5 grandes zones climatiques : tropical, sec, tempéré, continental et polaire.

Un codage en en deux ou trois lettres permet de caractériser chaque climat de manière précise.

Nous pouvons expliquer en partie cette grande diversité de climat par tous les phénomènes venteux présents à La Réunion.

Ceux-ci provoquent de nombreuses situations favorisant une pluviométrie, une humidité, un ensoleillement différent…

Les alizés

Dans l’océan Indien, il n’y a pas beaucoup d’obstacles gênant les alizés. Leur force et leur direction suivent les lentes évolutions de l’anticyclone. Mais, placé sur leur parcours, le relief imposant de l’île de la Réunion brise cet écoulement uniforme. Ainsi, sur les côtes de la Réunion, le vent peut être très faible ou bien brutalement accéléré en fonction de l’orientation des alizés par rapport au relief. Ces perturbations du flux se répercutent quelques centaines de kilomètres en aval de La Réunion avant que le vent ne retrouve sa régularité.

Cela provoque aussi une différence sur la Réunion elle-même. En effet, lorsque le flux rencontre les montagnes, il est dévié. Ainsi, les parties ouest de l’île (côte sous le vent) sont très peu exposées aux alizés et donc au vent. A l’inverse la partie Est est très exposée, on l’appelle la côte au vent.

L’inversion des alizés

L’inversion des alizés est un phénomène thermodynamique présent au niveau des tropiques. L’altitude de l’inversion des alizés varie d’un jour à l’autre et d’un endroit à l’autre. Plus on est proche du centre de l’anticyclone, plus la subsidence est forte et plus l’inversion est basse. La subsidence est un affaissement d’une masse d’air sur une vaste région. Par contre, l’inversion s’élève quand on s’éloigne de l’anticyclone. Notons que l’inversion a toujours une altitude d’au moins quelques centaines de mètres, car les échanges de chaleur et d’humidité, dans les basses couches de l’atmosphère en contact avec les océans, maintiennent cette inversion à une certaine altitude.

Les flux d’alizés secs

Ce type de situation se produit le plus souvent pendant la saison fraîche. L’inversion, alors basse, limite le développement vertical des nuages. Les cumulus, repris par le flux d’alizé, s’accumulent sur les contreforts de la côte au vent mais ne provoquent pas de précipitations. Le matin, le ciel est bien ensoleillé sur le reste de l’île, c’est-à-dire la façade sous le vent et les cirques. L’après-midi, les nuages se développent sur les hauts et les remparts. L’extension verticale des nuages reste peu importante puisque l’inversion des alizés est basse. Les principaux sommets de l’île restent donc au-dessus de la couche nuageuse. En fin de journée, les nuages qui se sont développés sur les hauts glissent en direction du littoral sur les façades à l’abri du vent. La nuit, les nuages formés par le processus du réchauffement diurne se désagrègent tandis que les cumulus, poussés par les alizés, continuent d’aborder les flancs du volcan. Quand ce régime s’installe de manière durable, il peut provoquer de longues périodes de sécheresse sur l’île.

 

Les flux d’alizés humides

L’inversion des alizés est cette fois-ci bien plus élevée. Les cumulus qui se forment au-dessus des océans ont une extension verticale suffisante pour provoquer des averses. Ces nuages abordent la façade au vent et engendrent des averses sur les hauts mais aussi localement sur le littoral. La façade sous le vent, ainsi que les cirques de Mafate et Cilaos, sont protégés par leurs remparts de ces nuages pluvieux. Le temps reste donc bien ensoleillé le matin.À la mi-journée, la convection se met en place et les nuages bourgeonnent. Compte tenu de l’inversion élevée, les sommets s’ennuagent et des averses se produisent sur les hauts.

Dans l’après-midi, les nuages glissent vers la mer des zones sous le vent, provoquant le cas échéant des averses sur le littoral ouest.

La nuit suivante, les nuages se désagrègent sur les hauts de la façade sous le vent, tandis que sur la côte au vent les nuages, poussés par les alizés, engendrent des averses.

La convection

On a parlé de la formation des nuages et de la convection. Mais en fait, c’est quoi ? Comment se forme les nuages ? C’est quoi ce phénomène de convection ?

Quand la surface se rechauffe, cette chaleur se communique à l’air qui, dilaté donc plus léger, se met à monter et se refroidit. Les nuages de convection apparaissent alors. Sur l’océan Indien, la température de la surface de la mer et l’humidité sont suffisantes pour entretenir des mouvements convectifs tout au long de la journée dans les basses couches de l’atmosphère. Sur l’île de La Réunion, les nuages se forment en cours de journée selon une chronologie relativement immuable. La figure ci-dessous montre les différentes étapes de cette formation au cours d’une journée :

a) le matin, le soleil réchauffe les pentes et les premières ascendances se forment;

b) les ascendances donnent naissance à des brises de pentes et sont désormais suffisamment puissantes pour provoquer la condensation de la vapeur d’eau et entraîner la formation des premiers cumulus ;

c) à la mi-journée, le réchauffement devient plus important et renforce les ascendances et les brises de pentes. Les cumulus grossissent ;

d) si aucune inversion ne limite l’altitude des ascendances, les cumulus grossissent encore au point d’atteindre le stade de cumulonimbus. De fortes averses se produisent alors, parfois accompagnées de coups de tonnerre. Il est à noter que les précipitations, en s’évaporant, absorbent une partie de la chaleur de l’atmosphère et par conséquent refroidissent les basses couches de l’atmosphère, détruisant ainsi les ascendances à l’origine du cumulonimbus ;

e) en fin de journée, le soleil ne réchauffe plus suffisamment les pentes pour entretenir les ascendances et les brises de pente. Les nuages se désagrègent progressivement. La nuit, le sol perd de la chaleur par rayonnement et ce refroidissement ne permet plus la formation de nuages convectifs. Le même cycle reprend au cours de la matinée suivante lorsque le soleil réchauffe suffisamment les pentes. Ce mécanisme est à l’origine de la formation quasi-systématique des nuages qui recouvrent les hauts de La Réunion l’après-midi.

C’est ce même phénomène qui provoque à plus petite échelle l’ennuagement des cirques.

La convection au cours de la journée sur les pentes de La Réunion, Météo France

En fonction de l’inversion (couche d’air plus chaude) les nuages montent (et apportent de la pluie) ou stagnent (et couvre juste le soleil)

Situation avec une zone d’inversion basse, Météo France
Situation avec une couche d’inversion haute, Météo France

Exemple de la situation dans les cirques:

Situation dans les cirques de l’île le matin, Météo France
Situation dans les cirques de l’île l’après-midi, Météo France
Situation dans les cirques le soir, Météo France

Les Brises

La brise de mer

Au cours de la journée, le sol se réchauffe sous l’action du rayonnement solaire alors que la température de la mer varie peu. Par conduction, puis par convection, la chaleur emmagasinée par le sol réchauffe l’air des basses couches de l’atmosphère.

L’air chaud se dilate et des mouvements ascendants se développent entraînant la condensation des particules d’air et la formation de cumulus. Dans le même temps, près du sol, un afflux horizontal d’air océanique vient compenser l’ascendance d’air sur terre : c’est la brise de mer.

Pour que la brise puisse se déclencher, le vent doit être faible. Sur la côte au vent, les alizés soufflent en général trop fort et mélangent les masses d’air empêchant la mise en place du contraste de température nécessaire. La côte la plus favorable au développement de la brise de mer est donc la côte sous le vent.

La brise de mer, Météo France

La brise de terre

Au cours de nuit, le phénomène s’inverse. Par ciel dégagé, le sol se refroidit rapidement par rayonnement alors que la mer, en raison de son inertie thermique, reste tiède.

Les courants ascendants prennent naissance sur mer et un courant de compensation venant de la terre s’établit : c’est la brise de terre.
A La Réunion, la brise de terre est renforcée par le relief. L’air froid et dense qui se trouve en altitude va, sous l’effet de la gravité, s’écouler le long des pentes et accélérer la brise de terre.

Sous le vent de l’île, les brises de terre s’établissent peu de temps après la tombée de la nuit. Sur la côte au vent, à l’inverse du cas précédent, la résultante de la brise de mer et des alizés tend à écarter le vent de la côte, si bien que les alizés ne soufflent quasiment plus la nuit.

La brise de terre, Météo France

La brise de pente

En journée, sous l’influence du rayonnement solaire, le sol devient plus chaud que l’air libre. L’air directement en contact avec le sol devient plus chaud que l’air environnant et tend à s’élever le long des pentes.

La nuit, par rayonnement, la surface perd de la chaleur et refroidit la couche d’air en contact. Cette dernière, devenue plus dense que l’air libre, s’écoule le long des pentes.

Ces brises de pentes sont présentent en premier lieu dans les cirques et le long des remparts avec des circulations très complexes compte tenu du relief très tourmenté.

Les brises de pente en journée et durant la nuit, Météo France

Le front de brise

Sur la façade au vent, la brise de terre nocturne s’écoule vers l’océan et fait face directement au flux d’alizé. Les deux flux convergent et créent une zone d’ascendance à l’origine de la formation d’une bande nuageuse, précipitante ou non : le front de brise. Tant que la brise est établie, cette bande nuageuse reste à quelques encablures de la côte.
Au petit matin, les rayons du soleil réchauffent les pentes et la brise s’inverse. La bande nuageuse, née de la convergence entre la brise de terre et le flux d’alizé est alors poussée vers la côte, entraînant un bref épisode pluvieux sur la façade au vent.

Schéma du front de brise le matin sur La Réunion, Météo France

Conclusion

En conclusion, ces nombreux climats sont en grande partie dus aux nombreux phénomènes venteux de La Réunion. Ceux-ci, couplé au relief, permettent la distinction des nombreuses zones montrées par la classification de Köppen. C’est aussi ces mêmes phénomènes qui permettent des changements de temps très brutaux, parfois de seulement quelques minutes, et localisés sur une partie très précise de l’île de La Réunion.

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